Les Planchon à l'académie :
Les deux frêres Jules-Emile (1823-1888) et Gustave-François (1833-1900) et aussi le fils du premier, Louis-David (1858-1915).
Jules Émile Planchon est né à Gange le 29 mars 1823, dans une famille protestante des plus modestes.
Jules-Émile se révèle bientôt apte à poursuivre des études supérieures. On rêve pour lui d’un diplôme de pharmacien. En 1839, le jour de ses 16 ans, il obtient le baccalauréat ès lettres. Pour réduire ses frais de séjour à Montpellier, il cherche une maison où le gîte et le couvert lui seraient offerts, en échange de menus services. Feront l’affaire, les pharmacies Teulon et Lutrand. C’est dans ces officines que va se révéler sa passion pour la botanique : au printemps, avant de prendre son service, il court la campagne pour herboriser.
En 1842, il est licencié ès sciences naturelles et trois ans après, alors âgé de 21 ans, il est déjà docteur ès sciences. Le jeune botaniste a été remarqué par ses maîtres, en particulier par Michel-Félix Dunal, professeur à la faculté des sciences, qui ne cessera de soutenir. Pour Planchon, Dunal contacte Sir William Hooker directeur du jardin royal de Kew. Planchon séjourne en Angleterre de 1844 à 1848. Il se trouve alors au contact des plus grands botanistes anglais de l’époque. Puis il retourne en France et cherche à nouveau un emploi. Dunal le recommande cette fois à Joseph Decaisne professeur au Muséum national d’histoire naturelle. À Paris la chance sourit enfin au jeune homme. Un matin d’hiver on frappe à la porte de sa mansarde. L’envoyé de Decaisne s’appelle Louis van Houtte. Il est directeur de l’institut agricole de Gand. Il engage Planchon comme professeur de botanique, de zoologie et d’horticulture. C’est ainsi que le jeune homme se retrouve à Gand en 1849. Là, en plus de son enseignement, on lui confie la fonction de rédacteur principal de la revue : Flore des serres et des jardins d’Europe.
Mais Planchon souhaite rentrer à Montpellier. Il croit tenir l’occasion lorsqu’un poste de professeur d’histoire naturelle est ouvert à la faculté de médecine, poste impliquant la direction du Jardin des Plantes. En 1851 il abandonne Gand et passe une thèse de médecine, condition nécessaire pour se présenter au concours. Mais Charles-Frédéric Martins est candidat en même temps que lui et l’emporte.
Refusant l’offre de van Houtte de revenir à Gand, il accepte un poste de professeur à l’École de Médecine et de pharmacie Nancy. Il l’occupe de 1851 à 1853. Puis Dunal réussi à la faire revenir à Montpellier comme professeur suppléant, dans sa chaire de la faculté des sciences. Planchon trouve le temps de préparer une thèse de pharmacie qu’il soutient à Paris en 1856. Il est donc à la fois docteur ès sciences, docteur en médecine, docteur en pharmacie ! Il est chargé du cours d’histoire naturelle à l’école supérieure de pharmacie. À la mort de Dunal, en 1856, Planchon assure sa succession. Il cumule alors deux enseignements, en pharmacie en sciences,
À l’âge de 33 ans il épouse de Delie-Louise Lichtenstein ; il s’allie ainsi à un groupe de familles protestantes influentes et cultivées comprenant outre les Lichtenstein, les Bazille et les Pagézy.
La gloire l’attend : après avoir découvert le phylloxéra le 15 juillet 1868 à Saint-Martin-de-Crau en compagnie de Gaston Bazille et de Félix Sahut, il étudie la biologie de l’insecte avec son beau-frère Jules Lichtenstein, entomologiste de qualité. Rétrospectivement, compte tenu de ses talents multiples, Planchon apparait comme le général en chef de tous ceux qui luttèrent en Languedoc contre l’insecte ravageur et qui furent appelés « américanistes » car partisans du greffage sur pieds américains.
En 1879, des raisons de santé obligent Martins à se retirer de la direction du Jardin des Plantes. Cette fois personne ne contestera l’aptitude de Planchon à occuper le poste. En 1880, à l’âge de 58 ans, il réalisera le rêve évanoui 30 années plus tôt. Pour éviter un trop grand cumul, il abandonnera sa chaire de la faculté des sciences, se démettra de la direction de l’école pharmacie. Il s’installera alors avec sa famille dans le logement de fonction du jardin, situation qu’il occupera jusqu’à la fin de sa vie. Il est mort le 1er avril 1888.
L’œuvre écrite de Planchon est considérable.
Au cours de sa vie, Planchon a reçu de nombreuses distinctions. En 1872, il devient membre de l’Institut de France et, deux ans plus tard, correspondant de l’Académie de médecine. Il est membre de nombreuses autres sociétés savantes : Société royale de botanique de Belgique, Académie royale des sciences de Madrid, Société linnéenne de Londres et aussi Société centrale d’agriculture de l’Hérault où il a joué un rôle éminent pendant la crise phylloxérique. À titre posthume, on lui attribuera le prix de De Candolle pour sa monographie sur les Ampelideae.
À Montpellier, un buste de Planchon orne le Jardin des Plantes depuis 1893. En face de la gare, dans le square qui porte aujourd’hui son nom, un monument a été érigé en 1894.
Rédigé à partir de l’article « Planchon » par J.P.Legros et J. Argelès
dans l’ouvrage « Le jardin des Plantes de Montpellier »
Voir l'hommage complet rendu par Charles Flahault :
https://www.ac-sciences-lettres-montpellier.fr/academie_edition/fichiers_conf/FLAHAUT-HOMMAGE-PLANCHON-1892.pdf
Voir sa page wikipédia :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Jules_%C3%89mile_Planchon
Travaux voir BNF :
https://data.bnf.fr/fr/12159682/jules-emile_planchon/